
Le confinement peut s’avérer éprouvant pour de nombreuses personnes. En effet, il n’est pas rare que les dépressions, les angoisses et les difficultés se manifestent chez une personne lorsqu’elle est inactive !
Par exemple, des personnes dont la santé psychologique bascule lorsqu’elles se retrouvent au chômage… Une fois les activités quotidiennes extérieures (travail, vie sociale etc.) interrompues, elles se retrouvent seule face à elles-même. Il n’est plus possible de fuir ses idées, même les plus sombres.
Ce qui n’a pas été réglé refait surface du jour au lendemain.
Tenez bon ! Ce confinement est une Miséricorde et une Bénédiction d’Allah. C’est l’occasion et le moment de faire face à ce que vous aviez laissé trop longtemps derrière vous !
J’encourage tout le monde à tenir un journal de bord, un cahier ou un simple bloc notes. Notez-y vos humeurs du jour, vos pensées, les leçons tirées, vos frustrations, vos inquiétudes, votre progression spirituelle ou émotionnelle…
Bref, écrivez !
Si vous décidez à la fin de ce confinement d’entreprendre une psychothérapie, vous aurez des éléments de réflexion concrets à mettre sur la table. Les ressentis que vous aurez mis sur papier seront plus fidèles, que ceux que vous pourriez vous remémorer.
Il n’est effectivement pas évident de se souvenir avec précision durant la consultation psychologique, de ce qui nous fait tant souffrir au quotidien !
Quoi qu’il en soit, je partage avec vous dans cet article quelques conseils pour les personnes qui pourraient mal vivre cette période de confinement :
- Pour les couples en difficulté : le confinement peut arriver à un moment critique dans votre couple. Et le fait d’être enfermés ensemble (peut-être même avec des enfants en demande et bruyants) pourrait envenimer les choses. Ou pas !
Ce confinement présente des avantages : notamment l’occasion de faire une trêve. Face à une crise mondiale et sanitaire (des gens meurent !), peut-être serait-il le moment de mettre sur pause les rancœurs et les conflits d’hier ?
Prenez l’initiative de proposer une trêve à votre conjoint : faites équipe durant cette période trouble, faites-vous le moins de remarques possibles, évitez autant que faire se peut les choses qui insupportent votre conjoint-e, et faites passer en priorité l’urgence de la situation.
Si c’était des bombes qui tuaient à l’extérieur, auriez-vous encore le temps de vous disputez ? Le virus est silencieux, certes, néanmoins il tue. Gérez ce nouveau quotidien à la maison, répartissez-vous les tâches, prenez des nouvelles de vos proches, revenez à Allah.
A la fin du confinement de deux choses l’une, soit vous aurez retrouvé respect et complicité qui avaient été durant longtemps perdus… Soit vous envisagerez des solutions concrètes pour sauver, ou dans le pire scénario mettre fin, à votre mariage.
Même les mariages qui vont bien peuvent souffrir du confinement. Ce n’est que temporaire bi’dnillah, visez plus loin.
Dans tous les cas, faites les choses en douceur et avec respect. On peut ne plus s’aimer, on ne renonce pas pour autant à son humanité. Et dans une situation comme celle d’aujourd’hui, on a besoin de soutien et de solidarité.
- Pour les personnes angoissées : savoir qu’un virus agressif et contagieux est actif dans le monde entier, c’est peut-être le comble pour vous. Quoi que, une telle crise permet de prendre du recul sur les angoisses du quotidien. L’angoisse ce n’est pas bon pour le coeur, il faut l’évacuer et pour ce faire je vous donne deux conseils (l’évocation d’Allah est une évidence, je ne le précise dont pas) :
Conseil numéro 1 : Vous souvenir que l’angoisse ne tue pas ! Elle est extrêmement désagréable ! Elle donne des palpitations, saccade la respiration, sert l’estomac, elle ressemble à une mort imminente MAIS elle ne tue pas ! Laissez-la venir, et laissez-la repartir ! Si vous sentez que vous êtes sur le point de faire une crise d’angoisse, avertissez la personne qui est prêt de vous (ou par message un proche loin de vous) juste en filet de sécurité. Et ensuite : lâchez prise et laissez-la venir !
S’il le faut lavez-vous plusieurs fois le visage à l’eau froide, ouvrez la fenêtre, comptez les pulsations de votre coeur à la minute, forcez-vous à prendre de grandes inspirations, écrivez ce qui vous vient à l’esprit…
En somme, essayez de la contourner si vous le souhaitez… Mais gardez à l’esprit qu’elle ne vous tuera pas, et qu’elle passera ! Avec la Permission d’Allah.
Conseil numéro 2 : Ne pas se soucier de l’angoisse uniquement lorsqu’elle se présente. Travaillez-la entre les crises d’angoisses ! Que ce soit à l’écrit, en vous enregistrant dans un mémo vocal, ou juste dans le secret de vos pensées, parlez-vous spontanément sans réfléchir et travaillez votre angoisse.
Que signifie-t-elle ? Quelle est votre plus grande peur ? Avez-vous accepté ce que vous ne pouviez changer dans votre vie ? Avez-vous changé ce que vous ne pouviez accepter dans votre vie ? À quelle émotion vous renvoie votre angoisse (peur, abandon, solitude, injustice etc.) ? Quels sont les moments favorables à vos crises d’angoisse ?
Mettez-vous au travail !
- Pour les personnes qui sont confinées dans une ambiance difficile : les maisons dans lesquelles les membres de la famille se parlent peu, voire ne se parlent pas, ou se parlent mal. Les personnes qui n’ont pas de pièce à elle, où s’isoler du bruit et qui souffre du manque d’intimité.
C’est l’occasion d’essayer de changer votre rapport à l’autre. Et si vous commenciez par demander aux autres comment ils vont ? C’a l’air simple comme cela, mais les problèmes de communication au sein d’un foyer nous font même négliger la base : le salam, le comment tu te sens aujourd’hui ? Etc.
Tentez d’inverser la tendance, et de renouer le dialogue !
Si cela s’avère impossible, construisez-vous votre bulle :
visualisez vos succès, la concrétisation de vos rêves, écoutez des conférences, dépoussiérez le coran, faites des listes de choses que vous aimeriez faire avant de mourir, faites-vous des programmes bien-être, listez vos bonnes résolutions post-confinement… Occupez-vous intelligemment de vous !
On peut être 10 personnes dans une pièce, on reste seule et libre dans son esprit !
- Pour les personnes qui vivent seules : sachez que certaines personnes de la catégorie citée plus haut vous envie ! C’est le moment de faire le vide mes sœurs, vous êtes celles qui êtes témoin des rappels les plus importants :
Le premier rappel : On naît seul-e, on meurt seul-e. Bien entendu, on aime les gens, on a besoin des autres. Mais il faut commencer par se sentir bien en étant seul-e, si on ne veut pas que son bien-être dépende des autres. Les gens passent dans votre vie, et peuvent aussi partir.
Soyez la compagnie sans faille dont vous avez besoin dans votre vie. Réconciliez-vous avec vous-même, réformez-vous !
Et faites aussi quelques appels visio avec vos proches !
Le deuxième rappel : Hasbiya Allah wa ni’mal wakil. Allah Seul nous suffit. Nous isoler des autres c’est parfois une cause à travers laquelle Allah – Le Sage, nous rappelle qu’Il est là près de nous.
Le jour, la nuit, lorsque vous êtes triste, lorsque vous êtes joyeuse, lorsque vous êtes inquiète ou insouciante, lorsque vous criez ou lorsque vous êtes trop fatiguée pour ne serait-ce que murmurer : Allah est au plus prêt de vous !
Il est là et Il vous aime.
Cela doit être suffisant. Si cela ne l’est pas, profitez de ce temps pour rebâtir votre relation avec votre Créateur doucement et sûrement. Jusqu’à ce que cela devienne suffisant…
- Pour les personnes claustrophobes : je caricature et je ne m’adresse pas aux personnes qui ont une peur concrète de l’enfermement. J’invite ces personnes à consulter et à se faire accompagner !
Je m’adresse aux personnes qui aiment bouger, qui détestent la routine, la monotonie d’une journée passée à la maison, qui ont le corps qui les démangent tant elles ne peuvent rester sur place…
Changez d’angle de vue ! Envisagez ce confinement comme une opportunité de vous réapproprier votre temps, de vous affranchir de vos chaînes ⛓ sociétales et mondaines ! Pensez à vous ! Soyez dans une dynamique interne !
Opérez un retour à l’essentiel : faites le tri dans votre maison, dans votre frigo, dans votre dressing, dans vos contacts, dans vos pensées, dans vos projets, dans votre passé, dans votre vie !
Faites une place à Allah (pas le temps d’apprendre sa religion ou l’arabe à cause du travail, du sport, des amies, des restos etc). Le temps s’impose à vous cette fois-ci, plus de place pour les vraies ou fausses excuses !
En conclusion, prenez toutes conscience qu’être dehors ce n’est pas seulement se mettre en danger soi-même.Se mettre en danger on le fait tous les jours :
- Rentrer tard le soir à la maison,
- Accepter un rendez-vous avec une personne qu’on connaît peu,
- Rouler vite en voiture,
- Négliger sa santé,
- S’endormir sans faire sa prière…
Le rapport au danger est relatif et varie d’une personne à une autre. Mais « mettre en danger » les autres, c’est un niveau de responsabilité supérieur !
Vous êtes peut-être porteur sain du virus, et le cas échéant, sortir c’est mettre en danger les autres !
Aussi, soyons positives et voyons le bon côté des choses, mettons ce temps à profit. Vous bénéficiez désormais du recul, et de la hauteur de vue nécessaires pour analysez ce qui ne vous convient plus dans votre vie ! Faites-en la liste, et prenez des décisions pour une vie meilleure après confinement in shaa Allah.
Ibn Al-Qayim – qu’Allah lui fasse miséricorde, disait que nos pensées sont au plus près de nous-même. Elles représentent qui nous sommes. Elles nous rapprochent ou nous éloignent d’Allah. Plus nous pensons à des choses futiles et plus nous agirons de façon futile. Plus nous penserons positivement et plus nous nous sentirons bien. Nos réflexions déterminent si nous serons joyeux ou contrariés.
Prenons le temps de méditer, cet acte d’adoration gratuit, sans effort physique ou financier. (- Rappel La voie droite).
Pensons aux personnes sans domicile fixe qui ne peuvent se mettre à l’abri. Pensons aux personnes vivant dans des pays en guerre, qui ne sont pas en sécurité même au sein de leur domicile.
Nous avons de quoi manger, la santé et un toit sur la tête. Al hamdoulilah.
Prenez soin de vous, aimez rester chez vous. Qu’Allah vous protège.
Hanane Benchikh.